La Tunisie face à une pénurie alimentaire aggravée par sa législation antimonopole
Les opérateurs de stockage alimentaire délaissent leurs activités, craignant des poursuites judiciaires. Cette situation paradoxale menace la sécurité alimentaire du pays, déjà fragilisée par une inflation galopante.
En ce début d’année, les étals des marchés tunisiens offrent un spectacle inhabituel: les pommes de terre, produit de base de l’alimentation tunisienne, se font rares. Cette pénurie n’est pourtant pas due à une mauvaise récolte, mais à un effet pervers de la législation antimonopole du pays.
« Le système de stockage nécessite une révision urgente pour protéger notre sécurité alimentaire », a déclaré Fathi Ben Khalifa, porte-parole de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche, lors du Salon international des industries alimentaires africaines à Hammamet. Un appel qui résonne dans un pays où la question alimentaire devient de plus en plus sensible.
Une législation aux effets contre-productifs
La législation antimonopole, initialement conçue pour prévenir la manipulation des prix, produit l’effet inverse. Les opérateurs de stockage, piliers essentiels de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, abandonnent progressivement leurs activités, craignant d’être poursuivis pour spéculation. Cette situation crée un vide logistique crucial dans la distribution alimentaire nationale.
Le gaspillage alimentaire s’aggrave
Plus préoccupant encore, selon les chiffres présentés lors du Salon, 30 % de la production alimentaire tunisienne est perdue. « Sans infrastructure de stockage adéquate, les produits périssables ne peuvent être conservés efficacement », explique un expert en agronomie sous couvert d’anonymat. « Nous observons une désorganisation croissante de la chaîne de distribution. »
L’agriculture contractuelle comme solution?
Face à cette situation, l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche propose une transition vers l’agriculture contractuelle. Ce système permettrait une meilleure coordination entre producteurs et transformateurs alimentaires, réduisant ainsi les pertes et stabilisant les prix.
Un contexte économique déjà tendu
Cette crise du stockage intervient dans un contexte économique particulièrement difficile pour la Tunisie. L’inflation galopante et la hausse des prix alimentaires pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Les petits commerçants, pris entre les contraintes réglementaires et la nécessité de maintenir leurs activités, se trouvent dans une situation intenable.
Des réformes urgentes attenduesp
Les experts du secteur appellent à une révision rapide du cadre législatif. « Il est crucial de trouver un équilibre entre la lutte contre la spéculation et la préservation d’un système de distribution alimentaire efficace », souligne M. Ben Khalifa. Une équation complexe que les autorités tunisiennes devront résoudre rapidement pour éviter une aggravation de la crise alimentaire.
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